CIRCULATIONS DOUCES
Les tribulations du schéma directeur des
cheminements piétons et des pistes cyclables
dernière actualisation : 25 juillet 2019
PREAMBULE
Un
schéma
directeur
des
circulations
(voitures,
cyclistes
et
piétons)
est
un
préalable
indispensable
à
toute
opération
d’aménagement
d’une
ville.
Il
semble
qu’une
étude
sur
la
circulation
automobile
seule
ait
été
lancée
au
début
des
années
1990,
mais
abandonnée
ensuite.
Ne
pas
prévoir
dans
le
PLU
le
tracé
et
les
emplacements
nécessaires
aux
3
modes
de
déplacement
et
laisser
construire
des
immeubles
au
gré
des
promoteurs
et
au
hasard
des
opportunités
foncières
risque
de
rendre
impossible
ou
exagérément
coûteux
la
création
de
pistes
cyclables
et
de
chemins
piétonniers
et
les
aménagements
de
voiries
pour
faciliter
la
circulation automobile.
Mais,
après
quelques
tribulations,
une
étude
a
été
lancée
en
2017.
Les
documents
finaux
ont
été remis en juin 2019.
PLU 2013
La
nécessité
d’un
tel
schéma
a
été
soulevée
lors
de
l’enquête
publique
sur
le
projet
de
PLU.
Le
commissaire-enquêteur
a
écrit
dans
son
rapport
de
synthèse
sur
les
observations
du
public
«
dans
mes
recommandations,
je
vais
demander
à
la
ville
de
prévoir
un
plan
détaillé
de ce type de circulation
».
Mais, il l’a oublié dans les recommandations incluses dans ses
conclusions.
PLU 2016
(révision du PLU 2013)
Le nouveau commissaire enquêteur, dans ses conclusions, écrit:
« Il aurait été souhaitable que l’étude pour l’élaboration d’un schéma directeur des liaisons
douces soit préalable à l’arrêt du projet de PLU…»
Pourtant,
dans
les
lettres
adressées
au
Maire,
pendant
l’élaboration
du
projet
de
PLU,
la
nécessité
d’un
tel
schéma
directeur a été plusieurs fois rappelée.
Madame
le
Maire
semblait
acquise
à
cette
idée
quand
elle
écrit
le
28
juillet
2015
(
ici
)
:
«
Ce
schéma
directeur
est
en effet primordial …
»
Mais
aucune
étude
n’a
été
lancée
contrairement
à
ce
que
cette
lettre
pouvait
laisser
supposer
«
faute
de
budget
»
selon
l’adjoint
en
charge
de
l’aménagement
(déclaration
verbale
lors
de
la
dernière
réunion
de
concertation
avec
les
associations
le
9
septembre
2015
et
rappelée
dans
des
mails
non
contestés).
Dans
le
même
temps,
des
dépenses
beaucoup moins urgentes étaient engagées pour changer le logo de la Ville et les plaques de rues.
La
révision
du
PLU
entrant
dans
sa
phase
finale,
il
était
urgent
de
disposer
d’une
esquisse
de
schéma
directeur,
un
schéma directeur complet étant impossible à réaliser dans le temps restant.
Suite
à
une
initiative
individuelle,
CEREMA
a
établi
le
27
mai
2016,
un
devis
pour
une
étude
sommaire
permettant
de
décliner
localement
les
axes
d’action
inscrits
au
PDUIF
.
Et
donc
de
tracer
les
grandes
lignes
d’un
schéma
directeur.
Le
montant
global
de
la
prestation
a
été
chiffré
à
8.782
€
TTC
incluant
une
sensibilisation
des
acteurs
locaux
au
problématiques
des
circulations
douces.
Le
rendu
d’étude
était
fixé
au
1
er
septembre
pour
permettre
d’inclure
ses
conclusions dans le PLU en phase finale d’approbation. Sur ce montant, CEREMA prenait à sa charge 50%.
Ce
devis,
présenté
à
la
Ville
lors
d’une
réunion,
n’a
pas
été
pris
en
considération
au
motif
que
cela
ferait
concurrence au secteur privé.
Pour
pallier
le
désintérêt
de
la
Ville,
une
souscription
a
été
lancée.
Quelques
élus
et
plusieurs
habitants
y
ont
répondu permettant de réunir 3.200 € de promesses de dons.
Le
poste
«
sensibilisation
des
acteurs
locaux
»
du
devis
n’ayant
pas
non
plus
intéressé
la
Ville,
la
dépense
prévisible a été ramenée à 7.646 € (3.823 € après participation de CEREMA).
Il
manquait
donc
un
peu
plus
de
600
€
pour
lancer
cette
étude.
Un
courriel
a
été
envoyé
le
28
septembre
2016
à
16h23
aux 35 membres élus du Conseil municipal pour leur demander si chacun pouvait apporter 100 €.
Aucune réponse des élus de la majorité, mais …
Le
28
septembre
à
17h36
,
les
membres
de
la
commission
«
circulation
»
(*)
sont
invités
à
une
réunion
le
mercredi
19 octobre 2016 avec pour point unique à l’ordre du jour, le
cahier des charges
de l’étude des circulations.
Le projet d’étude CEREMA a donc été abandonné.
(*) La commission «circulation» rebaptisée depuis «Groupe de travail mobilités» rassemble de manière informelle une vingtaine de personnes intéressées
principalement par l’amélioration des déplacements cyclistes et piétons.
Un
appel
d’offres
a
été
lancé
fin
2016
sur
la
base
de
ce
cahier
des
charges,
mais
a
été
déclaré
infructueux
au
motif
que les offres de prix dépassaient l’estimation de la Ville.
Finalement, le bureau ITER (
www.iternet.org/
) a été choisi.
ITER a présenté au Groupe de travail mobilités, les résultats de la première phase de son étude (diagnostic) le 31
janvier 2018 et les résultats de la seconde phase (ici), le 16 mai 2018.
Le schéma directeur, conclusion de l’étude, a été présenté en réunion publique le 8 octobre 2018. Voir ici le
résumé de la présentation tel qu’il a été communiqué par la Ville.
Finalement, le 15 juin 2019, ont été transmis au groupe de travail, le rapport de diagnostic (daté du 15 décembre
2017) et les Préconisations (datées du 13 août 2018). Ces 2 documents sont notés respectivement version 2 et
version 3. Les versions précédentes n’ont pas été communiquées au groupe de travail.
N.B.: une fois téléchargés, il est normalement posible de faire pivoter ces documents d’un quart de tour.
DESCRIPTION ET ANALYSE DE CES 2 DOSSIERS
N.B. : les commentaires sont surlignés en jaune
DIAGNOSTIC
Première partie : contexte et objectifs (pages 3 à 5)
Page 3 : objectifs de l’étude
Pages 4 et 5 : copié-collé du PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) du PLU de 2016, PLU
qualifié d’ambitieux. Le PADD est effectivement ambitieux, mais le PLU, beaucoup moins sous l’angle piétons et
cyclistes, car les ambitions du PADD ne se retrouvent généralement pas dans les autres documents du PLU, ceux
qui sont opposables.
Deuxième partie : données de cadrage (pages 6 à 12)
Page 7 : Montgeron et son environnement proche : le franchissement principal de la voie ferrée (avenue Jean
Jaurès) n’a pas été cité.
Pages 8 à 10 : Les pôles générateurs de déplacement et leur rayonnement : l’étude montre que la gare et la mairie
sont à moins de 15 minutes à vélo, quel que soit le point de départ :
Page 9 : cartographie des temps de parcours à pied et à vélo depuis la gare
Page 10 : idem depuis la mairie
Page 11 : l’enquête globale transport de 2010 montre qu’il y aurait 11.750 voitures à Montgeron pour 9254
ménages et que 59% des déplacements internes se font en voiture. Et probablement moins de 1% à vélo puisque
les 1,5% du « camembert » concerne également les deux-roues motorisés et autres modes. Alors que les territoires
en essor ont une part modale du vélo supérieure à 5% (voir page 58) et que le plan vélo national vise 9% à
l’horizon 2024.
Page 12 : les flux domicile travail : 5260 véhicules sortant, 2240 véhicules entrant et 1250 véhicules en interne.
Troisième partie : le diagnostic quantitatif (pages 13 à 58)
Page 14 : le plan de circulation actuel
Page 15 : carte des points de comptage de la circulation automobile le 17 octobre 2017
Pages 16 à 20 : le rapport décrit la construction d’un modèle mathématique de trafic automobile dans le
quadrilatère République – Leclerc – Place Piette – Deglaire.
Pages 21 à 23 : comptage des déplacements motorisés dans le quadrilatère entre 7h45 et 8h45 le matin (la page 23
est incompréhensible)
Pages 24 et 25 : comptage des déplacements motorisés dans le quadrilatère entre 17h15 et 18h15
Pages 26 à 29 : résultats de l’enquête sur tout Montgeron, trafic matin et soir et vitesses pratiquées
Pages 30 à 53 : concernent le stationnement
Page 30 : l’offre de stationnement : les tarifs du parking Foch sont erronés. C’est effectivement 15 €/an pour
les montgeronnais et les Crosnois, mais, sauf erreur, c’est 30 €/mois pour les autres communes. Sinon, 0,30
€/heure ou 2 €/jour (de 7h à 20h).
Pages 54 à 58 : ces 5 pages (sur 62) qui concernent exclusivement les cyclistes et, à la marge, les piétons, sont
intéressantes, particulièrement les pages 57 et 58.
Page 54 : voies cyclables, cheminements piétons et zones 30 : description sommaire de la situation actuelle et des
anomalies, confirmant ainsi les critiques adressées à la Ville depuis 2012
Page 55 : sens uniques et largeur de chaussée : carte des sens uniques et des voies à sens unique avec une largeur
inférieure à 3m
Pages 56 et 57 : quelles possibilités d’extension du réseau cyclable ?
Page 57, on note :
Des double-sens cyclables peuvent être implantés dans toutes les voies à sens unique
Au vu du trafic, l’aménagement de pistes cyclables serait préférable notamment avenue de la République.
Voir à ce sujet la page « Avenue de la République ». La Ville estime que le 30 km/h équivaut à un aménagement
cyclable, mais ce n’est plus le cas au-delà de 8.000 véhicules/jour. Il existe des pistes cyclables au nord et au
sud de l’avenue de la République mais les 2 tronçons qui viennent d’être refait en sont dépourvus. La continuité
du réseau cyclable sur cette avenue semble donc compromise pour longtemps.
Rue du Moulin de Senlis, les trottoirs sont très étroits, le flux de piétons important et le trafic automobile
relativement dense aux heures de pointe qui sont aussi les heures de pointe du flux piétons.
La carte montre toutes les possibilités d’extension selon les préconisations de CEREMA. ITER ajoute
prudemment qu’elles ne constituent pas les propositions d’ITER.
Page 58 : quel potentiel et quels axes de développement de la politique cyclable
En préambule, cette page indique qu’il faut avoir aménagé 0,6 à 0,7 mètre linéaire par habitant, d’itinéraires
purement cyclables pour atteindre 4% de part modale vélo (moins de 1% actuellement _ voir ci-dessus). 4%
apparait ainsi comme un objectif. Pourquoi avoir choisi un objectif aussi bas alors que le SDRIF vise à l’horizon
2030, un développement massif des déplacements à vélo et que le plan vélo national vise précisément 9% en 2024
? Est-ce pour montrer que Montgeron avec un ratio prétendu (voir ci-dessous) de 0,55 n’en serait pas très éloigné ?
Ensuite, le rapport indique que le ratio à Montgeron serait de 0,55 ml/habitant, donc très proche des 0,6 à 0,7 ml/
habitant (avec l’objectif minimaliste de 4%), tout en estimant à 13,3 km le linéaire non « partagé avec d’autres
modes ».
Sauf oubli, le linéaire non « partagé avec d’autres modes » se résume schématiquement à 1 km avenue Jean
Jaurès, 1 km au sud de l’avenue de la République, 1 km avenue Charles de Gaulle et 1 km route de Corbeil, soit
environ 4 km. La piste cyclable rue Paumier a été prise sur le trottoir (devenu insuffisant compte tenu du trafic
piétons) et ne peut entrer en ligne de compte.
Soit un ratio plus proche de 0,15 que de 0,55.
Quatrième partie : le diagnostic qualitatif (pages 59 à 62)
Les pages 60 à 62 listent les atouts de la Ville, ses points faibles, puis les enjeux.
Annexes : pages 64 à 91
PRECONISATIONS
Les itinéraires privilégiés par mode (pages 3 à 6)
Page 5, la carte met en évidence les itinéraires privilégiés pour les cyclistes, mais beaucoup de ces itinéraires sont
dangereux même pour les cyclistes aguerris et ne permettront pas d’inciter un nombre significatif de
montgeronnais à abandonner la voiture au profit du vélo, sauf à engager des travaux importants, dont des
élargissements de voies qui ne figurent pas dans la modification n°2 du PLU engagée en juin 2019 alors que ces
préconisations sont datées d’août 2018. Par exemple :
L’avenue de la République, entre Gaston Mangin et la médiathèque,
L’avenue de la République entre la médiathèque et la Mairie, tronçon qui vient d’être complètement réhabilité
mais sans pistes cyclable,
Une partie de la rue René Cassin et une partie de la rue d’Yerres, départementale circulée et étroite,
La rue de Concy,
Le rue du Gué.
En revanche, 3 préconisations vont améliorer nettement les déplacements des montgeronnais qui ont l’habitude de
se déplacer à vélo, la généralisation du 30 km/h (sous réserve qu’il soit respecté), les sas « cyclistes » aux
intersections avec feux et la généralisation du double-sens cyclable. La mise en œuvre des 2 premières est déjà
quasiment faite. La mise en œuvre de la troisième semble tarder.
Page 6 : itinéraires privilégiés pour les piétons avec 2 préconisations intéressantes qui « décoiffent » un peu :
Création d’une zone de rencontre entre La Pelouse et la rue Aristide Briand,
Boulevard Sellier transformé en zone de rencontre; c’est une voie « royale » pour joindre la gare au centre-
ville qui remplacerait avantageusement la proposition rejetée par la Ville, faite lors de l’élaboration du PLU
2013 (petite sente piétonnière existante mais privée entre République et la rue de la Côte d’Or).
La Ville ne semble pas pressée de mettre ces 2 préconisations en application.
La mise en œuvre du schéma directeur (pages 7 à 28)
Pages 8 à 12 : les itinéraires privilégiés pour les automobilistes : plusieurs propositions pour limiter le trafic de
transit et faciliter l’écoulement des flux sur Leclerc
Pages 13 à 18 : entrées-sorties de la zone 30 : plusieurs propositions pour 3 carrefours importants facilitant la
circulation piétons et cyclistes
Pages 19 et 20 : aménagements en zone 30 : plusieurs dispositifs de ralentissement sont présentés et chiffrés
Page 21 : double sens cyclable : plusieurs aménagements sont proposés et chiffrés
Page 22 : création sur la partie nord de la rue de Mainville d’une chaussée à voie centrale banalisée avec 2 bandes
latérales cyclables
Page 23 : création d’une goulotte sur les marches après la passerelle prolongeant la rue Charles Deguy
Page 24 : mise en place de sas vélo sur toutes les intersections avec feux
Page 25 : généralisation du TAD et du TD pour les cyclistes (« tourne à droite » et « tout droit »)
Page 26 : neutralisation des places de stationnement en amont des traversées piétonnes et création à la place de
150 à 200 places de stationnement vélo
Page 27 : création d’une indemnité kilométrique vélo
Page28 : fléchage du parking du centre et du parking de la médiathèque avec des panneaux indiquant le nombre de
places libres en temps réel
Estimation financière des aménagements proposés (pages 29 et 30) : entre 1,1 et 1,3 M€
Proposition de phasage : cette quatrième partie annoncée dans le sommaire, manque en fait.
Un
premier
schéma
directeur
des
circulations
douces
(SDDCD)
avait
été
adopté
à
l’unanimité
par
le
Conseil
général
de
l’Essonne
le
20
octobre
2003.
Il
couvrait
la
période
2003-2015.
Il
serait
en
cours
de
révision.
Une
plaquette
du
19
mai
2011
le
résume
et
la
FCDE
(Fédération
pour
les
Circulations
Douces
en
Essonne)
a donné son avis sur ce plan à la page :
http://www.circulationsdouces91.org/schema-directeur-circulationsdouces91.html
Le
28
mai
2018,
le
Conseil
départemental
a
voté
un
plan
vélo
départemental
couvrant
la
période
2018-
2021
et
doté
d’un
budget
de
10
M€
dont
4
M€
pour
les
subventions
aux
communes,
aux
groupements
de
communes et aux associations. Une
plaquette
le résume.
Selon
le
n°
20
du
Magazine
d’informations
du
Val
d’Yerres
Val
de
Seine
(printemps
2022)
«la
communauté
d’agglomération
va
proposer
à
l’automne
aux
élus
communautaires
son
projet
de
schéma
des
circulations
douces».